Une pipe commémorative de la Bataille de Waterloo

Le Fonds Léon Courtin-Marcelle Bouché, géré par la Fondation Roi Baudouin, a acheté une remarquable pipe commémorative, exemple rare d’orfèvrerie en miniature belge.

La pipe a été réalisée en souvenir de la Bataille de Waterloo (1815). Elle reproduit la colonne de la paix édifiée en 1817 en l'honneur du lieutenant-colonel Sir Alexander Gordon. Gordon, aide de camp du Duc de Wellington, succomba à ses blessures sur le champ de bataille. Il avait 29 ans. Il s’agit d’une version simplifiée du monument, actuellement toujours visible à Waterloo, portant sur le socle l’inscription Columna pacis 1815. La colonne est couronnée d’objets - feuilles, carquois, oiseau tenant un rameau, trompettes -, pour la plupart en vermeil, symbolisant la Paix. Les objets entourant le socle - notamment des fusils, des épées, des oriflammes, des tambours, des boulets, des casques, une roue et un canon – font référence à la Guerre. Le tuyau de la pipe prend la forme d’un tronc d’arbre portant une branche feuillue et fait référence à la renaissance d'un monde meilleur.

La pipe date de la période hollandaise (1815-1830). Elle est réalisée d'une manière très ingénieuse. La colonne peut se dévisser, libérant ainsi le fourneau. Le commanditaire, peut-être un vétéran de la bataille, est aujourd'hui inconnu. Outre les initiales VJF - celles de son propriétaire, sans doute - et le poinçon en losange du maître, on distingue également :

  • main avec un bâton et une lettre : poinçon de garantie (1815-1832)
  • deux branches de laurier entourant le chiffre 2 : poinçon de titre (1815-1832
  • )

La pipe pouvait réellement être utilisée. Elle a été conçue telle une petite sculpture. Il s’agit d’un exemple de la production belge d’orfèvrerie en miniature d’une qualité remarquable et d’une grande rareté. La référence tant à un monument qu’à un événement majeur sur le plan international nous informe de la perception de la bataille de Waterloo à l’époque des faits. L’œuvre peut également être considérée comme un trait d’union entre la période française (1794 -1815) et la période hollandaise (1815-1830). De même, le poinçon en forme de losange permet de déduire qu’elle a été réalisée à la période hollandaise par un orfèvre qui était déjà actif à la période française. Ce qui conforte le fait qu’elle puisse être considérée comme un véritable maillon.

C'est en raison du caractère unique et de l'importance historique de cette pipe commémorative que le Fonds Léon Courtin-Marcelle Bouché l’a acquise chez Sotheby’s à Paris. Des recherches complémentaires ont permis de découvrir l’artiste à qui l’on doit la réalisation de cette pièce d’orfèvrerie. Il s’agit de Jean François van Deuren (1778-1835) orfèvre à Malines. Le poinçon en forme de losange permet de déduire que l’orfèvre était déjà actif à la période française mais que la pipe n’a été réalisée qu’à la période hollandaise. Elle fut exposée en 1820 à l’Exposition complète des produits de l’industrie nationale du Royaume des Pays-Bas. Van Deuren y reçut même une mention honorable, ce qui ne doit pas nous étonner car la pipe est réalisée d’une manière très ingénieuse : la colonne peut se dévisser, faisant ainsi apparaître le fourneau de la pipe.

En savoir plus sur le Fonds Léon Courtin-Marcelle Bouché

Type : 
orfèvrerie
Material / technique : 
argent, argent doré et ivoire
Dimensions : 
17 cm de hauteur
Type of acquisition : 
Acquisition du Fonds Léon Courtin - Marcelle Bouché
Year of acquisition : 
2013
Depository institution : 
DIVA. Musée de l’Orfèvrerie, de la Joaillerie et du Diamant, Anvers