En 2008, la Fondation Roi Baudouin a acheté un exceptionnel collier de cérémonie, un des plus anciens exemples d’orfèvrerie civile dans notre pays.
Ce collier en vermeil fut réalisé vers 1525-1530 par deux orfèvres liégeois, dont les noms se trouvent sur la partie inférieure de la chaîne : Erard d’Heur, roi de la corporation des orfèvres liégeois dans les années 1525-1536, et Godefroy Godefridi, ancêtre d’une grande lignée d’orfèvres de la ville. Les armoiries gravées sur les différents maillons confirment l’origine liégeoise du collier.
Le collier se compose de de dix-neuf plaquettes ciselées et évidées réparties sur deux registres. Le registre supérieur de l’élément central est constitué d’entrelacs dans lesquels figurent un médaillon avec un portrait de profil en relief et le blason de la famille Sartorius ; le registre inférieur est décoré d’une rosace et une chaînette avec arbalète y a été fixée. Selon toute apparence elle a dû être ajoutée postérieurement à la réalisation du collier. Les autres dix-huit plaquettes du registre supérieur représentent des hommes barbus portant des écus. La partie inférieure des plaquettes est ornée de motifs végétaux.
La question portant sur l’origine du collier demeure provisoirement ouverte. Dans un premier temps, la pièce, en raison d'une arbalète qui y est fixée par deux attaches, a été rattachée à une confraternité militaire. Chaque société de tir possédait en effet un collier porté par le vainqueur du concours de tir annuel. Cependant l'aspect général de ce collier ne correspond pas à la typologie courante des colliers des compagnies militaires urbaines. Étant donné l’exceptionnel raffinement et la haute valeur de la parure, celle-ci devait être destinée à un haut dignitaire de la ville de Liège ou à une organisation souhaitant souligner son prestige.
Une hypothèse relierait le collier à la guilde des Jeunes Archers. En 1531, Guillaume de Meef réfréna une révolte qui menaçait de détruire la ville de Liège. En signe de remerciement, le prince-évêque Érard de La Marck aurait offert ce collier à la milice dirigée par Guillaume de Meef. C’est à ce moment – ou peut-être un peu plus tard – qu’auraient été ajoutées des plaquettes frappées des armoiries des bienfaiteurs ou des membres de la guilde. Les archives de la guilde des Jeunes Archers mentionnent notamment un collier offert par le prince-évêque qui, en plus des maillons de la chaîne, comptait une douzaine de plaquettes dont quatre représentaient les armoiries d’Érard de La Marck.
