La Fortune

Cette figurine en ivoire représente la Fortune, qui personnifie la chance ou le hasard dans la mythologie romaine. Elle tient une corne d’abondance en argent dont s’échappent des pièces en or. Elle se dresse sur la roue de la fortune, entourée de putti et d’or.

Charles Samuel (1862–1938) a conçu l’œuvre pour l’Exposition universelle de 1894 à Anvers à la demande d’Edmond van Eetvelde, secrétaire-général de l’Etat Indépendant du Congo.

Van Eetvelde, qui souhaitait promouvoir le Congo auprès de la population belge, proposa aux artistes belges de travailler l’ivoire. Il mit le matériau gracieusement à leur disposition. Une vingtaine d’œuvres ont ainsi été réalisées. Elles furent toutes présentées dans une même vitrine à la Section coloniale de l’Exposition universelle à Anvers.

L’orfèvre et joaillier bruxellois Louis Wolfers exposa certaines des statuettes en avant-première, dont La Fortune. Charles Samuel lui confia vraisemblablement la réalisation de la sculpture.

La Fortune fut sculptée d’un seul tenant à partir d’une défense d’éléphant ( ?). Cette approche, considérée comme idéale, caractérise l’art de Samuel. Elle a marqué l’évolution de la sculpture en ivoire entre 1894 et 1897. D’autres artistes s’en sont inspirés. Les statuettes produites pour l’Exposition coloniale de 1897 à Tervueren en témoignent.

La représentation de figures féminines sur les terres cuites hellénistiques de Tanagra est une des sources d’inspiration de l’artiste. Sur le socle de marbre figure la mention en lettres d’argent du mot τύχη – la providence –, ce qui renforce la référence à la Grèce antique.

Cette œuvre s’inscrit dans l’historique de la sculpture en ivoire belge Elle constitue l’un des temps forts de la sculpture belge au tournant des XIXe et XXe siècles.

C’est grâce au Fonds Léon Courtin-Marcelle Bouché que La Fortune a pu être acquise. Elle a été confiée aux Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles.