Reliure Art nouveau

Cette reliure de style Art nouveau a été conçue par Henry van de Velde et réalisée par Paul Claessens pour le livre L’Art de la reliure en France aux derniers siècles d’Edouard Fournier (1864).

Il s’agit non seulement de la toute première reliure conçue par Henry van de Velde (1893-95) mais également de la première reliure Art nouveau fabriquée en Belgique, ce qui en fait un exemplaire d’autant plus exceptionnel. Les dessins préparatoires à cette reliure ont également été conservés.

Henry van de Velde a opté pour une technique et des matériaux classiques combinés à un motif assez sobre pour cet ouvrage traitant de l’art de la reliure en France. Une retenue qui contraste avec les décorations chargées qui accompagnent habituellement les reliures anciennes.

Le cuir en maroquin vert est serti de filets dorés et de motifs courbes semés de campanules stylisées. Pour obtenir ce résultat, Henry van de Velde a utilisé des fers à dorer. Le bord est agrémenté d’un double cadre aux traits hachurés dorés, accompagné d’un motif de pastilles dorées. Les doublures et gardes de tissus sont revêtues de soie jaune avec un décor végétal de tiges à grenades.

Le tissu a de toute évidence été commandé par Henry van de Velde en Angleterre. Non seulement son style, mais aussi son sujet – les grenades – étaient très souvent utilisés par les entreprises anglaises. William Morris (1834-1896), l’un des initiateurs du mouvement Arts & Crafts, utilisait également les motifs à grenades dans ses dessins. Il exerça une grande influence sur le jeune van de Velde, comme on peut le voir à travers l’esthétique et la décoration de notre reliure. Celle-ci illustre parfaitement l’influence de ce mouvement.

Elle constitue par ailleurs un très bel exemple de la manière avec laquelle le jeune et talentueux Henry van de Velde a progressivement trouvé son style. Les fleurs, dessinées ici dans un style encore relativement figuratif, évolueront plus tard vers des formes beaucoup plus linéaires propres à l’Art nouveau.

Son propriétaire a souhaité mettre la reliure en sûreté dans nos collections publiques et était de ce fait disposé à la vendre directement au Fonds du Patrimoine. Celui-ci en a fait l’acquisition afin de la conserver et de la rendre accessible à tous en la déposant à la Bibliotheca Wittockiana.