Squelette regardant chinoiseries

Squelette regardant chinoiseries marque le début d’une période sombre chez Ensor, provoquée par le rejet par ses confrères peintres et les critiques, mais aussi par ses démons intérieurs, les querelles familiales ainsi que le décès coup sur coup de son père et de sa grand-mère maternelle. Le tableau est une œuvre clé de l’artiste : d’une part, il appartient encore à la série d’intérieurs bourgeois, intimistes et surchargés, caractéristiques de ses débuts ; d’autre part, il y introduit le motif du squelette, qui deviendra récurrent dans son œuvre.

Des photographies infrarouges et aux rayons X ont révélé que, sous la tête de mort, se trouvait à l’origine le visage réaliste d’un vieil homme. Dans le coin inférieur gauche, Ensor rajouta un autre crâne qui regarde en direction du spectateur. Au milieu de l’abondance de détails et de la richesse des couleurs de la chambre, la tête de mort du personnage central ne frappe pas immédiatement. L’effet de surprise n’en est que plus saisissant : le regard se met à la recherche d’une figure dont la place a été imperceptiblement prise par la mort. Les surpeints datent probablement de la fin des années 1880. Le macabre s’invitant soudainement dans le confort d’un agréable intérieur concentre toute la force de cette peinture structurée par les lignes verticales marquées par les rouleaux de papier aux motifs de « chinoiseries ».

La signification de ces têtes de morts n’est pas établie. Ce portrait de vanité correspondait sans doute à l’inspiration très vive de James Ensor. La présence de la mort ne doit ni inquiéter le spectateur, ni tourner le sujet en dérision. La scène intimiste et la beauté féerique des couleurs orientales ne sont pas perturbées, tout au plus semblent-elles menacées avec subtilité ; ce qui les rend d’autant plus vulnérables.

La peinture a été mise en dépôt au Musée des Beaux-Arts de Gand, qui abrite d’autres œuvres importantes de James Ensor. Ensor, tout comme son époque, ont déjà fait l’objet de diverses expositions scientifiques. Squelette regardant chinoiseries constitue pour le musée gantois un maillon essentiel dans l’œuvre d’Ensor et comble un vide important dans les collections Ensor de notre pays.

Site Musée des Beaux-Arts

En savoir plus sur le Fonds du Patrimoine

Type : 
Peinture
Material / technique : 
Huile sur toile
Dimensions : 
100 x 60 cm
Type of acquisition : 
Acquisition du Fonds du Patrimoine
Year of acquisition : 
1995
Depository institution : 
Musée des Beaux-Arts, Gand