Le Trésor d’Oignies

En 2010, les Sœurs de Notre-Dame de Namur ont donné à la Fondation Roi Baudouin le Trésor d’Oignies. Il s’agit d’un splendide trésor d’orfèvrerie, principalement religieuse, datant du XIIIe siècle. Il compte quelque cinquante pièces réalisées par frère Hugo d’Oignies et les collaborateurs de son atelier.

L’extrême raffinement des objets d’art, la maîtrise technique, les matériaux rares et précieux, le très bon état de conservation et l’historique particulier de ces pièces en font un ensemble de réputation internationale. En 1978, le trésor était l’une des « Sept Merveilles de Belgique » et, en 2010, trente-deux pièces ont été classées par la Fédération Wallonie-Bruxelles comme patrimoine culturel mobilier exceptionnel.

Le frère Hugo et ses collaborateurs réalisèrent la plupart des objets entre 1228 et 1238. Ils travaillèrent à Oignies, petite bourgade située entre Namur et Charleroi, dans le cadre du prieuré fondé en 1198 par ses frères Gilles, Robert et Jean de Walcourt. Le prieuré devint lieu de pèlerinage suite à l’arrivée, dans le béguinage voisin, de Marie de Nivelles. Cette mystique et ascète frappait ses contemporains par ses visions et ses expériences extatiques. Son inspiration spirituelle fascina Jacques de Vitry, théologien et chroniqueur brillant. Il devint le principal mécène d’Hugo d’Oignies. Toute sa vie durant, il fit parvenir au prieuré reliques, pierre précieuses et objets rares.

Le trésor constitue un témoin de qualité exceptionnelle de l’orfèvrerie gothique. Hugo recourt aux nombreuses techniques en usage chez les orfèvres contemporains, en particulier ses collègues mosans dans la ligne desquels il s’inscrit. Il met en œuvre le nielle, le filigrane, la ciselure, le repoussé et l’estampage. C’est sans doute le mariage très élaboré et équilibré du nielle, du filigrane, des formes plastique coulées ou travaillées au repoussé, parfois polies, qui confère aux œuvres une remarquable harmonie. Il s’en dégage une légèreté, une souplesse et une créativité toutes personnelles qui en font un véritable novateur et l’auteur d’un ensemble exceptionnel.

Ce trésor nous parle de tout le contexte dans lequel il a été créé, notamment le mode de vie au Moyen Âge, et surtout les relations entretenues avec le Moyen-Orient. Ceci grâce aux chroniques de Jacques de Vitry, envoyé en croisade contre les Albigeois en 1213. C’est de cette région, où il vécu de 1216 à 1226, qu’il envoya au prieuré d’Oignies quantité de reliques, de pierres précieuses et d’éléments devant servir à la décoration des pièces d’orfèvrerie. Après la destruction du prieuré d’Oignies lors de la révolution française, le trésor fut confié en 1818 aux Sœurs de Notre-Dame de Namur. C’est maintenant à la Fondation Roi Baudouin de veiller à la sauvegarde de cet ensemble inestimable.

Le trésor est mis en dépôt et exposé au Musée provincial des Arts anciens du Namurois, tandis que la Société archéologique de Namur s’est engagée à contribuer à l’étude et à la mise en valeur de ce patrimoine.

Publication « Le Trésor d'Oignies »

Site web du Musée des Arts anciens du Namurois

En savoir plus sur l’étude des mitres et des ossements de Jacques de Vitry (projet CROMIOSS)