Une sculpture romane retrouve toute sa splendeur

Publié le 1 mars 2013

La ‘Sedes Sapientiae’ de l’église Saint-Laurent de Séron (Forville) revient à Namur après une longue restauration. Elle sera désormais exposée au Musée provincial des Arts anciens du Namurois. Une action du Fonds Léon Courtin – Marcelle Bouché.

La sculpture est l’une des rares Sedes Sapientiae du XIIe siècle en Belgique à n’avoir pas subi de remaniement drastique au cours de son histoire. La vierge tenait à l’origine l’enfant et un sceptre dans les mains. Le haut dossier du siège a été réduit, probablement pour pouvoir présenter la statue dans une niche ou sur un autel. Suite à ces modifications, l’œuvre a pris un aspect plus gothique. Les plis de la robe de Marie créent un mouvement au niveau des jambes qui permet d’adoucir le statisme du torse. Ce style, hérité de l’époque byzantine, est fort répandu au XIIe siècle pour les vierges en majesté mosanes.

La statue, réalisée par un artiste de la région, a été repeinte plusieurs fois au cours des siècles, ce qui en a altéré considérablement la lecture. La restauration de l’œuvre a été confiée à l’Institut royal du Patrimoine artistique. L’étude stratigraphique et topographique des polychromies a permis de déterminer, qu’à l’origine, les vêtements étaient entièrement dorés. Il ne reste malheureusement plus que quelques traces de cette couche de polychromie. Par contre, le premier repeint, que l’on peut dater du XIVe siècle, semblait particulièrement bien conservé. Il était cependant recouvert de restes épars de surpeints (six niveaux selon les endroits) et de badigeons qui ne permettaient plus de discerner toute la finesse de l’œuvre. Le visage surtout, recouvert d’une polychromie récente, était devenu particulièrement inexpressif et empâté.

C’est au scalpel ophtalmique sous microscope binoculaire que les couches de polychromie successives ont été éliminées jusqu’au premier repeint. Suite à cette opération délicate et de longue haleine, la Vierge romane a retrouvé ses vêtements très colorés (rouge, bleu, vert) semés de motifs décoratifs autrefois dorés. Le visage a récupéré toute sa finesse et un regard bleu profond qui lui donne toute son expressivité.

Les conditions climatologiques et de sécurité n’étant plus tout à fait optimales, la fabrique d’église a pris la décision courageuse de la confier en dépôt au Musée provincial des Arts anciens du Namurois où elle est désormais exposée dans la salle du trésor. Mais l’œuvre sera toujours présente dans l’église Saint-Laurent de Séron grâce à une copie fidèle, la présentant avec sa polychromie après restauration.