Acquisition d’un précieux manuscrit

Publié le 27 avril 2016

Le 8 décembre dernier, le Fonds Claire et Michel Lemay a acquis, chez Sotheby’s à Londres, les Heures Tramerie, un manuscrit capital pour la connaissance de l’enluminure tournaisienne du début du XVIe siècle.

Ce livre d’heures, probablement commandé par un Anglais résidant en France vers 1420-1430, a été terminé près d’un siècle plus tard pour le compte d’un Tournaisien. Les Heures Tramerie ont été réalisées en plusieurs campagnes : la première vers 1420-1430, à Paris ou peut-être à Tournai ; la seconde près d’un siècle plus tard à Tournai. Son calendrier contient des fêtes très locales, comme celles de saint Éleuthère, de saint Piat ou de la dédicace de la cathédrale. Certains noms y figurent en Picard.

Les Heures Tramerie se distinguent par le raffinement de leurs enluminures et le chatoiement de leurs couleurs. Toutes les pages du livre sont enluminées et quinze d’entre elles comportent des scènes entourées de bordures foisonnantes où les entrelacs de végétaux abritent oiseaux, insectes, animaux fantastiques et grotesques. L’artiste n’a pas lésiné sur les ors pour donner aux pages un éclat supplémentaire. Le texte est agrémenté d’initiales historiées ou décorées de motifs d’une étonnante créativité. Quant au style des miniatures, il témoigne d’un mélange d’influences françaises et flamandes, à une époque où Tournai, « bonne ville de France », était sur le point d’être conquise par les Anglais, puis annexée aux territoires de Charles-Quint.

Une étude approfondie des enluminures doit encore être menée, mais un premier examen montre déjà toute leur importance : la Pénitence de David est attribuable au Maître de l’Annibal d’Harvard, un Parisien qui avait peut-être fui vers le Nord au moment de l’occupation anglaise de la capitale.

Ce précieux manuscrit sera confié en dépôt à la Bibliothèque de la Ville, qui a perdu une grande partie de son patrimoine lors de l’attaque aérienne et du bombardement du 17 mai 1940. Cet ouvrage somptueux forme un merveilleux complément aux quatre livres d’heures qui ont échappé au désastre de 1940.