Buste de Charles Alexandre de Lorraine

Ce buste est réapparu chez Sotheby’s à Paris dans le cadre de la vente de la collection du Maréchal Berthier, Prince de Wagram. Nous n’en connaissions l’existence que par la littérature. Le Fonds du Patrimoine de la Fondation Roi Baudouin a pu l’acquérir. Il constitue un enrichissement notable pour notre patrimoine. Il s’agit de l’une des rares œuvres profanes du sculpteur belge Philippus Alexander Franciscus Nijs (1724-1805) qui nous soient parvenues. L’artiste ne jouit pas d’une grande notoriété. Il réalisa pourtant quelques œuvres de très belle qualité, dont un Saint Pierre en terre cuite conservé au Musée Mayer van den Bergh à Anvers. La statuette représentant Charles de Lorraine, gouverneur général des Pays-Bas autrichiens de 1741 à 1780, s’inscrit dans la tradition des portraits princiers destinés aux collections rassemblées dans les cabinets de curiosités. Seuls les hôtes de marque y avaient accès. A la Cour de Habsbourg, il était de coutume de faire réaliser pour ces collections de petits portraits de grande qualité qui avaient pour but d’impressionner les visiteurs de marque tels les souverains d’autres maisons princières ou leurs ambassadeurs. Peu de statuettes de ce type ont été conservées, ce qui confirme l’intérêt de l’acquisition du buste de Charles de Lorraine par le Fonds. Il s’agit également d’un moment charnière dans la carrière du sculpteur. Peu après cette commande princière, Philippus Nijs se voit décerner le titre de sculpteur de la Cour. Plus précisément en 1759, lorsque Charles Alexandre de Lorraine se rend dans la ville natale de l’artiste, à Tamise dans le Pays de Waes. L’artiste s’empresse de l’ajouter à sa signature et le fait également graver en lettres d’or au-dessus de sa porte d’entrée. Charles de Lorraine était gouverneur général des Pays-Bas autrichiens. Il résidait dans le palais princier qui se situait sur l’actuel Mont des Arts à Bruxelles. Conseillé par ses ministres Karl Johann von Coblenzl et Wenzel Anton Von Kaunitz, il influença largement le développement intellectuel et artistique de la région et privilégiait en particulier les arts appliqués. Il n’y a pourtant que peu de portraits de ce souverain habsbourgeois. Ce buste en bois de palmier n’en est donc que plus précieux.