Camille Lemonnier dans l’atelier de l’artiste

Alfred Stevens
Fin 19e siècle

Ce portrait de l’écrivain belge Camille Lemonnier (1844-1913) s’intègre dans une remarquable série de peintures d’Alfred Stevens (1823-1906) consacrées à son propre atelier. Il s’agit d’œuvres telles que Le repos du peintre (1855), L’atelier du peintre (1869) et Dans l’atelier (1888). Le portrait de Lemonnier est abondamment recensé dans la littérature dédiée à Stevens, notamment parce qu’il s’inscrit, lui aussi, dans la thématique de l’atelier et présente de nombreuses similitudes stylistiques avec ces autres scènes d’atelier.

Alfred Stevens y représente l’écrivain sous les traits d’un peintre debout dans son atelier. Celui-ci y est reproduit comme l’archétype même de l’atelier d’artiste de la fin du 19e siècle. La multitude d’objets éclectiques qu’on y aperçoit reflète les centres d’intérêts personnels du peintre, telle son admiration pour Albrecht Dürer, rendue ici par une reproduction d’un dessin conservé à Vienne. D’autres objets, encadrant la fenêtre, font baigner la composition dans une atmosphère typiquement japonaise : le cheval en terre cuite, le masque de théâtre No, l’éventail et l’ombrelle en papier et bambou, les plumes de paon, le bouquet d’herbes de la Pampa. L’amalgame d’objets d’apparence ésotérique était très prisé dans les intérieurs de la fin du 19e siècle car il permettait d’y créer une atmosphère personnelle, particulière et exclusive. Concernant les intérieurs d’ateliers, ceux-ci se distinguaient en outre par un aspect de solitude qui générait une dimension romantique, soigneusement cultivée dans l’iconographie du 19e siècle.

Ce portrait constitue par ailleurs une très belle illustration d’une page passionnante de l’histoire de l’art de la fin du 19e siècle, à savoir les nombreux échanges entre Paris et Bruxelles. Camille Lemonnier appartenait à l’élite littéraire belge à l’instar de Maurice Maeterlinck, Georges Rodenbach, Charles Van Lerberghe et Émile Verhaeren, tous jouissant d’une grande notoriété en Europe et surtout à Paris. De même que ses contemporains, Lemonnier nourrissait un intérêt particulier pour les arts picturaux et décoratifs. Il évoluait dans un cercle d’intellectuels, au nombre desquels figurait également Alfred Stevens, qui lui aussi se partageait entre les capitales belge et française : il naquit à Bruxelles et décéda à Paris.

Ce portrait, en parfait état, demeura longtemps dans une collection privée, de sorte que le grand public n’eut que de rares occasions de le découvrir. Aujourd’hui, grâce à son acquisition par le Fonds du Patrimoine, l’œuvre peut être admirée aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique à Bruxelles.

En savoir plus sur le Fonds du Patrimoine

Type : 
Peinture
Material / technique : 
Huile sur toile
Dimensions : 
61 x 48 cm
Type of acquisition : 
Acquisition du Fonds du Patrimoine
Year of acquisition : 
2014
Depository institution : 
Musées royaux des beaux-arts de Belgique