Christ de douleur

Grâce au legs du père Ghislain De Jaeger, la Fondation Roi Baudouin a fait l’acquisition d’une prestigieuse peinture d’Albrecht Bouts datant de la fin du Moyen-âge. Ce Primitif flamand a été confié aux musées de Bruges.

Le dernier propriétaire du ‘Christ de douleur’ d’Albrecht Bouts (1452 – 1549) était le père Ghislain De Jaeger, qui l’avait héritée de son père, le Dr. De Jaeger. Ce dernier, attaché à l’Hôpital Saint-Jean en tant qu’ophtalmologue, présida longtemps l’association des Amis des musées de Bruges (Vrienden van Musea Brugge). Après son décès en 2021, l’œuvre fut léguée à la Fondation Roi Baudouin. Ceci dans le but qu’elle soit confiée et exposée au Musée Groeninge de Bruges, en souvenir de son père.

Christ de douleur

Les peintures Ecce homo représentant un Christ de douleur d’Albrecht Bouts et de son atelier constituent la plus importante collection d’œuvres de ce type en provenance des Pays-Bas méridionaux des 15e et 16e siècles. Les œuvres conservées, dont celle-ci, montrent que l’atelier était spécialisé dans la production en série de ces scènes de dévotion.
La peinture représente le Christ portant sa couronne d’épines sur fond doré. Ses poings sont liés et il tient dans la main droite un jonc, symbole de l’humiliation qu’il subit. La cape rouge symbolise son agonie. Le Christ penche légèrement la tête, les yeux noyés de chagrin et la bouche entrouverte, supportant avec dignité sa douloureuse épreuve. Dans son cadre d’origine, la peinture est de forme semi-circulaire dans sa partie supérieure, un format habituel qui convenait aux objets de dévotion privée.
Sous l’influence de la Dévotion Moderne, un mouvement religieux fondé au cours du 14e siècle, la thématique de l’Homme de douleurs est devenue très populaire. "Pour les adeptes de la Dévotion Moderne, la communion intime avec la vie et, surtout, la souffrance du Christ était d’une importance capitale", commente Anne Van Oosterwijk, Directrice des musées de Bruges. C’est précisément parce que les croyants pouvaient s’identifier à la représentation du Christ de douleur que ces tableaux étaient si prisés comme objets de dévotion privée.

Albrecht Bouts

Peintre louvaniste de sujets religieux, Albrecht Bouts fut sans doute formé dans l'atelier de son père, Dirk Bouts. En 1476, après la mort de celui-ci, il semble avoir quitté Louvain pour terminer sa formation auprès d’Hugo van der Goes dont il semble avoir directement subi l'influence.

Le choix du Musée Groeninge

Le tableau a rejoint la collection de Primitifs flamands du Musée Groeninge de Bruges qui ne comptait pas encore d’œuvres représentatives d’artistes importants actifs en dehors de Bruges aux 15e et 16e siècles. En outre, Albrecht Bouts était probablement un élève d’Hugo van der Goes, dont ‘La mort de la Vierge’ constitue l’un des chefs-d’œuvre du Musée Groeninge. Enfin, ce travail de dévotion privée illustre bien une facette moins représentative et plus intime de l’art des Primitifs flamands.