En 2007, une sculpture très rare apparut sur le marché de l’art britannique. Réalisée à Bruges en 1529, elle avait été portée lors de la Procession du Saint-Sang durant plus de deux siècles. Si peu de sculptures brugeoises de cette époque sont parvenues jusqu’à nous, l’origine historique de la pièce et la finesse de son exécution en faisaient en outre une œuvre unique. Dès lors, la Fondation Roi Baudouin n’hésita pas à acquérir la sculpture lorsque l’occasion se présenta. Quelques mécènes brugeois, proches de la Confrérie du Saint-Sang, contribuèrent également à l’effort financier afin de conserver la sculpture dans le giron brugeois. Par cette acquisition, l’œuvre a pu rejoindre les collections du Musée du Saint-Sang et son avenir est assuré à Bruges, sa ville d’origine.
L’enseigne était portée chaque année au mois de mai, lors de la Procession du Saint-Sang. Un événement séculaire auquel participait toute la ville de Bruges. En réalité, la sculpture ne constituait qu’une partie de l’enseigne, qui consistait en une hampe de bois sur laquelle était placée une petite scène taillée dans le bois qui servait à son tour de chandelier pour un grand cierge. À l’origine, l’ensemble était entièrement polychromé.
La sculpture représente le patriarche de Jérusalem qui, à l’issue de la Deuxième Croisade en 1150, confia la relique du Saint-Sang à Thierry d’Alsace, comte de Flandre. La scène est entourée de branches entrelacées, évoquant la couronne d’épines, ainsi que les armoiries d’Autriche, de Jérusalem et du comté de Flandre. Aux pieds du patriarche figuraient autrefois un pélican et ses petits. Cet ancien symbole chrétien du sacrifice de soi (selon les bestiaires, la femelle pélican perce sa poitrine et donne son sang à ses poussins afin de leur éviter la famine) renvoie donc à l’image du Christ et du Saint-Sang.
L’origine de l’œuvre a pu être attribuée avec certitude grâce aux archives de la confrérie qui possède plusieurs illustrations et descriptions de la torchère. Ce sont d’ailleurs ces documents qui ont servi pour la réalisation d’une copie qui est encore portée en procession de nos jours.
