La collection Germaine Delchambre et Robert Merveille

Priser le tabac était une véritable mode aux 18e et 19e siècles. Les plus aisés s’offraient de magnifiques tabatières, réalisées dans des matériaux précieux – une façon d’affirmer leur statut social. En témoigne la collection de 41 tabatières données à la Fondation Roi Baudouin.

Un bel éventail de tabatières

Décédé en 2020, Robert Merveille a institué par testament le « Fonds Collection Germaine Delchambre et Robert Merveille » et a, dans ce cadre, notamment légué à la Fondation Roi Baudouin une collection remarquable de tabatières. Celle-ci constitue un bel échantillon des prestigieux artefacts réalisés à la fin du 18e et au début du 19e siècle. Composées de divers matériaux précieux, ces boîtes ont été exécutées selon différentes techniques décoratives. La collection témoigne de la mode de l'époque, qui consistait à priser le tabac – un événement social qui s'accompagnait de nombreux rituels – et de son importance en tant que symbole de statut social.

La mode du tabac à priser

En Occident, l’habitude de fumer et de priser le tabac trouve son origine à la Cour espagnole et portugaise au 16e siècle. Par la suite, le phénomène se propage dans toute l'Europe, et jusqu’en Amérique. Le tabac est vanté pour ses vertus médicinales, et une véritable mode du tabac à priser émerge progressivement – d’abord au sein de l'aristocratie et des classes les plus aisées, avant de se généraliser. Les tabatières de la collection Robert Merveille datent en grande partie de la fin du 18e et du début du 19e siècle. Au cours de cette période, priser le tabac est très populaire dans une grande partie de l'Europe.

Les tabatières de luxe : un symbole de statut social

Peu à peu, les tabatières se font plus luxueuses et deviennent un véritable symbole de prestige. Parfois assorties aux tenues de leurs propriétaires, elles se muent en un accessoire destiné à refléter la richesse de ceux-ci. Des orfèvres et bijoutiers de cour se spécialisent dans la fabrication de ces articles prestigieux. La plupart des pièces de la collection Delchambre - Merveille ont été produites à Paris, d’autres à Hanau et à Genève, alors d'importants centres européens de production de ces tabatières.

La tabatière, un cadeau inestimable

Offrir des boîtes à tabac ou tabatières précieuses était courant. Certains modèles, sertis de diamants ou d’autres pierres précieuses encadrant un portrait, servaient ainsi de cadeaux diplomatiques ou militaires. Des tabatières ornées de portraits miniatures étaient également données à un être cher en gage d’amour.

Il était fréquent, à la Cour de France, d’offrir des tabatières ornées de portraits miniatures ou de monogrammes royaux. Cette coutume a d’ailleurs contribué à diffuser l'image royale. La collection en recèle un beau spécimen : une tabatière à l’effigie de Napoléon, dont ce dernier fit don au baron Pierre Demadières, maire de Rouen.

La collection compte en outre deux tabatières en or : l’une avec un couvercle en émail bleu incrusté de diamants et du monogramme de Léopold II surplombé d’une couronne, l’autre, frappée du monogramme couronné du roi Louis-Philippe. Cette dernière a été offerte en guise de cadeau diplomatique à l'occasion du mariage de Léopold Ier avec Louise-Marie d'Orléans.

Où peut-on admirer cette collection ?

À la demande de Robert Merveille, c’est l’Hôtel de Groesbeeck-de Croix, le Musée des Arts décoratifs de Namur, qui abritera la collection.