Jacob Jordaens (1593-1678) est considéré, avec Pierre Paul Rubens et Antoine Van Dyck, comme l’un des trois principaux peintres baroques des Pays-Bas méridionaux,. Quand Le Joueur de cornemuse fut mis aux enchères à Londres, le Fonds Léon Courtin-Marcelle Bouché, géré par la Fondation Roi Baudouin, décida de se porter acquéreur.
Le tableau se distingue tout particulièrement par le fait que l’on peut reconnaître le peintre lui-même sous les traits du musicien. Le personnage jouant de la musique avec passion se retrouve en outre dans d’autres œuvres de Jordaens.
Bien qu’il posât lui-même comme modèle pour ce tableau, la peinture ne peut être considérée comme un autoportrait. Le peintre était riche et ambitieux et jouissait d’un certain succès. Ainsi, il semble plutôt étonnant qu’il se soit représenté jouant de la cornemuse, un instrument de musique populaire. Quand il s’agit de portraits officiels, comme ceux où il pose avec son épouse et sa fille, Jordaens se représente avec un luth, le plus prestigieux des instruments de musique au XVIIe siècle. La cornemuse se situe quant à elle au plus bas de l’échelle des instruments, et le fait que l’artiste se soit peint avec cet attribut doit être interprété comme une forme d’autodérision.
Après sa restauration, également financée par le Fonds Léon Courtin-Marcelle Bouché, l’œuvre a été mise en dépôt à la Maison Rubens à Anvers. Entre 1615 et 1618, Jordaens travailla notamment dans l’atelier de Rubens et, dans les années 1630, il aida même ce dernier à terminer quelques commandes pour le roi d’Espagne. La collection de la Maison Rubens contenait déjà quelques toiles de qualité de cet artiste, mais cette nouvelle acquisition permet aujourd’hui d’aborder un autre aspect de son œuvre.
