Virginal

En 2019, la Fondation Roi Baudouin a reçu, dans le cadre du Fonds Jacques et Jeaninne Versluys-Evrard, un virginal de Henry van Casteel. D’une qualité exceptionnelle, l’instrument datant du 18ème siècle constitue, à plus d’un titre, un témoignage précieux pour l’histoire des instruments à clavier.

Un virginal est un instrument à clavier, plus petit que le clavecin, dont les cordes sont montées parallèlement ou en oblique par rapport au clavier. Datant du 18ème siècle, le virginal de Henry van Casteel est rectangulaire. Il s’agit d’un des rares exemplaires conservés de ce type.

Henry van Casteel est un des derniers facteurs de clavecin et un des pionniers dans la facture du piano dans les Pays Bas méridionaux. Né à Tournai en 1722, on trouve d’abord trace de son activité à Lisbonne, où il exerce avec succès entre 1757 et 1767. En 1769 il s’installe à Bruxelles. Il jouit rapidement d’une certaine prospérité auprès des musiciens de l’époque. Les annonces qu’il insère régulièrement dans la Gazette des Pays-Bas nous donnent une idée de sa production entre 1770 et 1777. Il propose ainsi à la vente un « clavecin à plume » à cinq octaves actionné par des pédales, un « clavecin à marteau, autrement dit Forte Piano », ou encore un « forte piano » dans lequel « les changements se font avec les genoux ».

Daté de 1770, le virginal est l’un des premiers instruments produits par Henry van Casteel après son installation à Bruxelles. Il utilise ainsi des essences de bois ramenées du Portugal pour la confection de l’instrument, telles que le buis utilisé pour les touches du clavier, venant du sud de l’Europe. L’instrument présente aussi quelques différences par rapport à la facture de nos régions. Elles reflètent peut-être les particularités de la facture ibérique de cette époque, dont on ne conserve aucun virginal ou épinette. L’instrument de Henry van Casteel constitue donc une source d’information majeure dans l’étude des instruments à clavier.

Seuls deux autres instruments de van Casteel sont conservés dans les collections publiques, un piano à queue de 1763 conservé à Lisbonne et un piano carré de 1784 exposé à Vienne.

Le virginal reçu dans le cadre du Fonds Jacques et Jeaninne Versluys-Evrard est exposé au Musée des Instruments de Musique (MIM) et fera l’objet d’une étude approfondie, permettant notamment une identification scientifique des bois utilisés.