Samovar malinois en argent

Joseph Van Deuren
1775

Véritable chef-d’oeuvre de l’argenterie malinoise du 18e siècle, ce samovar en argent a été acquis par le Fonds Comte Thierry de Looz-Corswarem. Il s’agit d’un rare témoin de l’argenterie de style transition. L’objet a pu rejoindre les collections du Musée Art & Histoire de Bruxelles.

Une fontaine d’apparat

Ce spectaculaire et surprenant samovar en argent massif a été réalisé par l’orfèvre malinois Joseph Van Deuren en 1775. D’un poids avoisinant les 7 kilogrammes, d’une hauteur de 59 centimètres, ce samovar, qui servait à maintenir les boissons chaudes, est avant tout une pièce d’apparat, reflétant le talent d’un artisan hors pair ainsi que le rang et la richesse de la famille qui la possédait. Sa rareté, son caractère exceptionnel, sa grande qualité technique, son décor somptueux, sa typologie précoce en font un chef-d’œuvre digne de figurer dans la collection d’orfèvreries du musée bruxellois.

Ornementation à la mode et inédite

L’ornementation de ce samovar est de style transition, courte période stylistique amenant l’exubérance du style rococo vers les lignes épurées du style Louis XVI. L’orfèvre Van Deuren, âgé de tout juste 30 ans, y exerça un talent et une dextérité spectaculaires dans les éléments coulés, repoussés, appliqués et ciselés, à la hauteur sans doute de l’exigence de la commande de son client fortuné. Surmonté d’un fretel en forme de cygne, le samovar présente une ornementation foisonnante et éclectique : guirlandes de fleurs et de feuillages, feuilles d’acanthes, frises de rosaces alternent avec des rangs perlés et des mascarons. Des médaillons de figures historiques, typiques des décors de l’époque, côtoient des motifs égyptiens sur les poignées, éléments tout à fait inédits pour la fin du 18ème siècle. Il s’agit d’un exemple rare de pièces d’orfèvreries d’époque transition et aussi d’un témoin précoce d’une égyptomanie qui s’imposera dès le début du 19ème siècle avec le style Empire.

Contexte historique

A cette époque, Malines, capitale judiciaire des Pays-Bas méridionaux et siège d’un archevêché, occupait une position économique stratégique et comptait un nombre important de familles nobles et de hauts fonctionnaires fortunés. Ces derniers constituaient une clientèle aisée avide de pièces d’argenteries imposantes commandées aux ateliers comme celui de Joseph Van Deuren ou celui de son concurrent, Joannes Cornelius Hendrickx, dont des pièces sont conservées au Musée Art & Histoire.

D’un pedigree tracé

Ce trésor, non publié et non répertorié, a été gardé par la même famille depuis le 18e siècle. Offert vraisemblablement à l’occasion de mariages, ce samovar est la réalisation la plus impressionnante connue à ce jour de Joseph Van Deuren. Son exposition parmi d’autres pièces du même atelier et de celui de Hendrickx constituera un point d’orgue dans le nouveau parcours 18e initié par le musée.

Fonds Comte Thierry de Looz-Corswarem

Le Fonds Comte Thierry de Looz-Corswarem, géré au sein de la Fondation Roi Baudouin, a pour objectif la protection du patrimoine culturel mobilier belge au bénéfice des collections publiques. A ce titre, le Fonds vise notamment l'acquisition de chefs-d’oeuvre d'art et d'ouvrages et documents significatifs du passé de la Belgique datant de la période 1550-1850.

Material / technique : 
Argent repoussé, poinçon de Malines, armoiries Camberlyn gravées sur le pied
Dimensions : 
Hauteur 59 cm, poids 7 kg
Type of acquisition : 
Acquisition du Fonds Comte Thierry de Looz-Corswarem
Year of acquisition : 
2022
Depository institution : 
Musée Art & Histoire, Bruxelles