Coupe en porcelaine Imari gravée des armoiries de la famille d’Arenberg

Cette sublime coupe en porcelaine Imari, ornée de montures en argent de style rococo et gravée des armoiries de la famille d’Arenberg, est une pièce unique. L’orfèvre bruxellois, Petrus Josephus Fonson, a réalisé cette coupe – probablement une saucière – en 1760 sur commande du duc d’Arenberg. Cette petite merveille est un exemple de représentation qualitative du style rococo français dans les Pays-Bas autrichiens. Elle témoigne de l’importation de porcelaine et de la culture nobiliaire au 18e siècle. L’objet a été acquis par le Fonds Comte Thierry de Looz-Corswarem géré par la Fondation Roi Baudouin. Il sera exposé au DIVA (Musée du diamant, des bijoux et de l’orfèvrerie) à Anvers.

Accessible au grand public

La Fondation Roi Baudouin a pu acquérir cette œuvre exceptionnelle grâce au Fonds Comte Thierry de Looz-Corswarem, qui vise à protéger le patrimoine culturel mobilier belge, et ce, en faveur des collections publiques. Dans cette perspective, le Fonds entend acquérir d’importants chefs-d’œuvre ou des travaux et documents significatifs (1550-1850) pour l’histoire de la Belgique. Ce Fonds a acquis la saucière en porcelaine Imari en 2024 avant de la confier au musée DIVA d’Anvers pour permettre également au grand public d’en profiter. Au musée DIVA, cet objet exceptionnel côtoiera la porcelaine de Georg Christoph Lindemann (environ 1735-1780) et l’argenterie de Leonard Joseph Ferrier (*1726) et permettra de faire le lien avec une aiguière en porcelaine Imari qui s’est vue ornée de montures en argent en 1762 à Audenaerde et plus précisément dans l’atelier de Marie-Jeanne Husson. Elle a aussi été acquise par le Fonds Comte Thierry de Looz-Corswarem, géré par la Fondation Roi Baudouin.

Un rare exemple d’Imari monté en argent

Une porcelaine Imari (japonaise) montée en argent est rarissime, car l’orfèvre doit faire preuve de beaucoup de talent et d’expertise, puisqu’il doit adapter sa technique à la forme particulière de la porcelaine. Petrus Josephus Fonson (1713-1799) s’est spécialisé dans la fabrication de montures de ce genre pour la porcelaine chinoise et japonaise. 

Une saucière pour la famille Arenberg

Reposant sur un pied circulaire en argent, cette coupe en porcelaine Imari (qui date du premier quart du 18e siècle) est relevée d’un bord supérieur en argent et doté de deux anses et de deux becs verseurs décorés de coquillages et de rocailles. La singularité de cette coupe - qui servait probablement de saucière - réside dans le fait qu’on peut l’attribuer à la noblesse et en particulier à la famille Arenberg. Les armoiries de cette famille sont en effet gravées sous un des becs verseurs : réprésentation de gueules à trois fleurs de néflier d'or, percées du champ et barbées de sinople. Les montures en argent ont été réalisées en 1760 à Bruxelles par l’orfèvre de la cour Petrus Josephus Fonson. Les poinçons se trouvent sur le pied : le poinçon de maître contenant un dauphin (?) entre les initiales F.S. , les poinçons de la ville de Bruxelles (Saint Michel terrassant le dragon et le lion couronné) et de la date (60). Cette coupe a probablement été acquise par Charles-Marie-Raymond d’Arenberg (1721-1778), fils de Léopold Philippe d’Arenberg (1690-1754) et de Marie-Françoise Pignatelli (1696-1766), et époux de Louise-Marguerite de la Marck-Schleiden (1730-1820).

Le rococo dans les Pays-Bas autrichiens

Cette coupe illustre magnifiquement bien l’assimilation qualitative du style rococo français dans les Pays-Bas autrichiens. Le motif élégant, orné de feuillages, de chrysanthèmes et de branches de pruniers qui décore la porcelaine Imari de couleurs dorée, rouge et bleue se fond merveilleusement dans les bordures en argent ciselé.

Petrus Josephus Fonson

Petrus Josephus Fonson est issu d’une famille montoise de sculpteurs et d’orfèvres. En 1739-1740, il se perfectionne en orfèvrerie à Bruxelles et plus particulièrement chez Lambert Millé, l’un des représentants talentueux du style rococo des Pays-Bas autrichiens. Grâce aux gravures qui circulent à cette période dans l’atelier de Lambert Millé, Petrus Josephus Fonson connaît et interprète les modèles tant aimés de la cour de France. L’orfèvrerie y est poussée à la limite de l’élégance et le style rococo, caractérisé par des courbes et des volutes de coquillages fantaisistes, s’y prête à merveille. En 1745, Petrus Josephus Fonson devient orfèvre reconnu à Bruxelles. Il se fait très vite un nom dans le métier au sein des milieux aristocratiques.

Une clientèle prestigieuse

Le siècle des Lumières est la période du raffinement et est marqué par le développement du commerce initié par les grandes compagnies maritimes par le biais des colonies (d’où elles exportent de nouveaux produits, tels que la porcelaine, la soie et le thé), le goût de l’exotisme et de nouvelles missions. En 1748, le duc d’Arenberg, capitaine-général du Hainaut et maréchal d’Autriche, commande notamment des couverts, un plateau à viande et des assiettes en argent à Petrus Josephus Fonson, qui maîtrise comme personne l’art de de monter la porcelaine japonaise et chinoise. En 1755, il réalise pour Charles de Lorraine, gouverneur général des Pays-Bas autrichiens à Bruxelles, des saucières en porcelaine et un milieu de table avec montures. Les pièces sont exposées au Kunsthistorisches Museum de Vienne.

 

Type : 
Saucière
Material / technique : 
Argent ciselé (Bruxelles) et porcelaine Imari (Japon)
Dimensions : 
H 11 cm x l 19 cm
Type of acquisition : 
Acquisition du Fonds Comte Thierry de Looz-Corswarem
Year of acquisition : 
2024
Depository institution : 
DIVA, Anvers